Sénégal : libération d’opposants pour assurer l’alternance. Le Bénin fera-t-il de même ?

Article : Sénégal : libération d’opposants pour assurer l’alternance. Le Bénin fera-t-il de même ?
Crédit: Tumisu via Pixabay
11 avril 2024

Sénégal : libération d’opposants pour assurer l’alternance. Le Bénin fera-t-il de même ?

Au Sénégal, les opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye ont été libérés avant l’élection présidentielle. Une libération qui a fait écho au Bénin, où Reckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo candidats recalés à l’élection présidentielle de 2021, croupissent depuis 3 ans derrière les barreaux.

C’est à la faveur d’une loi d’amnistie introduite par le président Macky Sall et adoptée par le parlement sénégalais qu’ils ont retrouvé la liberté. Ousmane Sonko condamné le 1er juin 2023 à deux ans de prison ferme pour débauche de mineure et Bassirou Diomaye Faye incarcéré depuis près d’un an pour outrage à magistrat, sont sortis de prison le 14 mars dernier. Cette libération saluée avec ferveur par les militants du parti Pastef, a changé le cours de l’élection.

Dimanche 24 mars 2024, les Sénégalais dans la quiétude sont sortis massivement accomplir leur devoir civique. Dans l’ensemble, le scrutin s’est déroulé sans heurts et contraste avec le méli-mélo politique qu’a récemment connu le pays. En fin de compte, le vainqueur dès le premier tour est le candidat du Pastef, Bassirou Diomaye Faye. Celui qui jusqu’à peu séjournait en maison d’arrêt, remplace désormais Macky Sall à la tête du Sénégal. Une alternance qui grandit davantage la démocratie sénégalaise, véritable modèle en Afrique et dans la sous-région.

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Trois ans que ça dure

Au Bénin, l’élection du nouveau président sénégalais issu de l’opposition ne laisse pas de marbre. Sa libération peu avant le scrutin, est d’autant plus frappante pour les Béninois. En effet, dans les geôles béninoises croupissent depuis 2021 deux éminents fils du pays, Reckya Madougou et Frédéric Joël Aïvo. La première à été condamnée à 20 ans par la CRIET pour financement du terrorisme. Le professeur Joël Aïvo lui, a été condamné à 10 ans pour blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’Etat. Cependant, ni l’un ni l’autre n’a fait appel. Recalés à l’élection présidentielle de 2021 pour défaut de parrainages, ils ont été arrêtés peu avant l’élection. Ladite élection jugée exclusive par l’opposition, avait donné lieu à des affrontements sanglants entre civils et forces de l’ordre.

Un parlement divisé sur la question de l’amnistie

Malgré tous les appels à leur libération, le président Patrice Talon reste fixe sur sa position. D’ailleurs, si l’on s’en réfère à ses dires, l’éventualité d’une grâce présidentielle n’est pas vraiment envisageable. Par conséquent, la seule option qui s’impose est la loi d’amnistie dont le vote revient au parlement. C’est pourquoi, l’opposition incarnée dans l’hémicycle par le groupe parlementaire Les Démocrates à introduit une proposition de loi d’amnistie qui s’est vue rejetée. Le député du parti majoritaire, Union progressiste pour le renouveau, Borgia Tawes M’Bouke Dos Santos, l’a qualifié de : « salade russe ». Néanmoins, l’opposition déterminée à aller jusqu’au bout, s’est dite prête à réintroduire autant de fois qu’il le faudra la proposition de loi d’amnistie. Beaucoup de Béninois croisent les doigts pour que cette lutte aboutisse, pour enfin tourner cette page douloureuse.

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Commentaires

Kyle coles
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Très instructif aussi bien dans le fond que la forme . Analyse assez structuré .