Viol au masculin : ces jeunes victimes qu’on oublie trop souvent

Article : Viol au masculin : ces jeunes victimes qu’on oublie trop souvent
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26 novembre 2023

Viol au masculin : ces jeunes victimes qu’on oublie trop souvent

Il est de ces tabous en Afrique. Des choses dont on ne parle pas ou dont on parle très peu. Le viol d’une personne de sexe masculin par une autre personne du même sexe en fait partie. Les victimes souvent très jeunes, se murent dans un silence dans la majorité des cas, et sont privées de leurs droits en matière de santé sexuelle.

Le viol est défini en droit international comme tout acte de pénétration, que ce soit par un organe sexuel ou un objet, commis sur le corps d’une personne. Le sexe anal contraint, le sexe vaginal contraint et le sexe oral contraint constituent donc bien des viols. Peu importe le genre des personnes impliquées. En dépit de toutes les sensibilisations et des témoignages de certaines victimes qui brisent la glace, le viol est toujours perçu au Bénin et dans certaines régions de l’Afrique comme un déshonneur pour la femme ou la fille violée et sa famille. Cette perception du viol pousse les victimes et leurs familles à préférer un règlement à l’amiable. Une triste réalité qui n’épargne pas les jeunes garçons et les jeunes hommes ayant subi un viol, et la plupart du temps, ces derniers ne sont même pas considérés comme “des victimes”.

Les cas de viols sur les adolescents et les jeunes sont légion dans les prisons.
Crédit photo: Iwaria

Un deux poids deux mesures apparent

Le viol, on en parle tellement de nos jours. Véritable lutte des féministes et des associations de défense des droits humains qui se battent pour les droits des victimes. Toutefois, cette lutte revêt un caractère plus ou moins discriminatoire du fait qu’elle ne tient pas toujours compte des victimes masculines. À contrario, le cas des victimes masculines (même si elles sont minoritaires) ne jouit pas de la même visibilité que celui de celles féminines. En effet, les différentes campagnes de sensibilisation et de dénonciation dans leur quasi-totalité ne font pas assez cas de cette réalité qui parfois se passe sous nos yeux. Ces victimes, nous les côtoyons parfois sans même le savoir. Chose assez grave, elles sont parfois très jeunes et vulnérables. Des histoires tristes de viols qui se racontent de bouche à oreille. Des pères qui abusent de leur enfant, des oncles qui abusent de leurs neveux, des coachs sportifs qui exigent des services sexuels pour positionner leurs jeunes poulains, des enseignants, leaders et guides religieux qui utilisent leur position d’autorité pour abuser de jeunes personnes, ou encore des viols utilisés comme une arme de guerre… Officiellement, aucune statistique ne permet de mesurer l’étendue des dégâts. Néanmoins, au regard du silence qui entoure le phénomène on peut déduire que les besoins d’assistance sont importants. 

Le monde du sport n’est pas épargné par les scandales de viols.
Crédit photo: Aimé DA CRUZ

Des victimes privées de leurs droits à la santé sexuelle 

Longtemps on l’a pensé en Afrique et au Bénin, les femmes sont les seules victimes d’abus sexuels. Une pensée totalement fausse et bien loin de la réalité qui est tout autre. Cette pensée destructrice fait encore de nos jours le bonheur de certains bourreaux. Pourtant, au Bénin, la loi N 2003-04 du 03 mars 2001 relative à la santé sexuelle et à la reproduction, dispose dans son article 9 :«Toute personne a le droit de ne pas être soumise à la torture, ou à des peines ou aux traitements cruels, inhumains ou dégradants sur son corps en général et sur ses organes de reproduction en particulier. Toutes les formes de violences et de sévices sexuels sur la personne humaine sont interdites. » Il ressort donc que la loi reconnaît à tous (hommes comme femmes) le droit à l’intégrité physique. La nécessité d’avoir accès à des soins de santé en cas de viol devient donc une évidence. Cependant, les jeunes victimes masculines de viol ne jouissent pas toujours de soins de santé appropriés. Dans le pire des scénarios, ils se retrouvent infectés du VIH ou d’autres maladies sexuellement transmissibles sans traitement efficace. D’où l’urgence de briser les tabous entourant le viol masculin. Il en va du décuplement de la parole qui aboutira à une prise en considération efficace des besoins des victimes. Des besoins qui englobent les conseils, les soins post viol et le suivi psychologique. Le défi est grand et nécessite beaucoup d’intérêt.

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