Retrait des États de l’AES de la CEDEAO : décryptage d’un imbroglio politique sous-régional

Article : Retrait des États de l’AES de la CEDEAO : décryptage d’un imbroglio politique sous-régional
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9 février 2024

Retrait des États de l’AES de la CEDEAO : décryptage d’un imbroglio politique sous-régional

Dimanche 28 décembre 2024, la nouvelle fait le tour des réseaux sociaux et des médias africains. Trois pays de la CEDEAO, le Burkina Faso, le Mali et le Niger claquent la porte de l’organisation sous régionale. Un départ brusque qui ne laisse pressentir rien de bon dans une Afrique de l’Ouest où rien ne va plus sur le plan politique et diplomatique. 

« En outre, la CEDEAO, sous l’influence de puissances étrangères, trahissant ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses États membres…» peut-on lire sur le communiqué conjoint des trois pays de la jeune Alliance des Etats du Sahel (AES). Un communiqué dans lequel, ces derniers fustigent aussi l’inaction de la CEDEAO dans le dossier épineux du terrorisme. Comme on pouvait s’y attendre, la réaction de la CEDEAO ne s’est pas fait attendre. Elle affirme dans un communiqué publié le même jour, avoir travaillé : «…de manière assidue avec les pays concernés en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel.»

Quelle lecture faire de cette sortie soudaine de la CEDEAO ?

L’annonce tombe quelques jours après la mission avortée de la délégation de la CEDEAO. Une décision radicale qui ne surprend pas vraiment. Cependant, l’analyse minutieuse des arguments avancés par les trois juntes, ne permet pas vraiment de comprendre cette décision. En effet, le Nigéria pays membre de la CEDEAO fait face aussi depuis plusieurs années aux groupes terroristes qui sèment la terreur. Dans ses efforts pour contrer la nébuleuse djihadiste, le Nigeria n’a pourtant jamais pointé du doigt la CEDEAO. Ce qui amène à se demander si la principale cause de ce retrait n’est pas la pression faite par la communauté sur les différents pouvoirs militaires pour un retour à l’ordre constitutionnel. Pour preuve, le Mali a annoncé l’annulation le 25 Septembre 2023 des élections qui devaient mettre fin à la transition sans pour autant préciser une nouvelle date. Du côté du Niger et du Burkina Faso, la durée exacte des transitions n’est pas encore totalement claire. Une incertitude qui a valu déjà deux tentatives de coup d’État au nouvel homme fort de Ouagadougou.

Photo d’enfants du Sahel
Credit photo: Pixabay

Doit-on repenser la CEDEAO ?

La réponse ne fait l’ombre d’aucun doute, chez certains. Les plus radicaux eux souhaitent sa dissolution pure et simple. On pourrait facilement leur trouver raison au regard des prises de positions parfois pas très équitables de l’organisation. En effet, la CEDEAO n’y est pas allé de mainmorte pour condamner et sévir pas la même occasion les régimes putschistes. Une condamnation qui ne se fait pas toujours ressentir dans les cas de figure où entorse est faite à la constitution ou en cas de dérive autoritaire. Ce qui jette du discrédit sur la communauté. Par conséquent, il devient inévitable de revoir les choses. En cas de violation flagrante des textes fondamentaux d’un État membre par les dirigeants, des sanctions doivent être appliquées.

Le Sénégal est en proie à des heurts depuis l’annonce du report des élections.
Crédit photo: Pixabay

Quoiqu’il en soit, la CEDEAO reste un model en matière d’intégration des peuples et de libre circulation des biens. Preuves tangibles de cette intégration prônée par les textes de la CEDEAO, plus de 3 000 000 de maliens vivent aujourd’hui en Côte d’Ivoire pays voisin. Un acquis qui prendra un coup dans les prochains mois si un consensus n’est pas trouvé. Un consensus qui sera difficile à trouver dans l’état actuel des choses

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